En 2010 le tourisme aurait représenté 7% de notre PIB et plus de 200 000 lits ! Avec la Révolution le secteur a pris un coup. Mais si on décide de regarder le bon côté de la chose on peut se dire que nous avons devant nous l’occasion rêvée pour mettre tout à plat et changer de modèle : sortir du tourisme de masse et tendre vers un tourisme alternatif. C’est l’idée de l’Association pour la Promotion du Tourisme Alternatif en Tunisie (APTAT).
Jusqu’à présent le tourisme en Tunisie c’était des zones touristiques délimitées, des barres d’immeubles, des monstres de ciment, à l’enfilade sur le front de mer. Des piscines à l’eau trop chlorée, alors qu’à quelques kilomètres le circuit de distribution d’eau laissait à désirer ; des tas de serviettes lavées tous les jours, de l’eau gaspillée par mètres cube quand les Tunisiens fouillent les poubelles à mains nues pour récupérer les bouteilles de plastique ; des buffets de carotte râpée baignant dans une mauvaise mayonnaise et dont la moitié finissaient invariablement à la poubelle. Il y avait aussi quelques sites archéologiques visités au pas de course sous un soleil de plomb. Un paradoxe dans un pays où il fait bon vivre et où on aime prendre le temps.
« Il faut sortir du schéma que nous avons. Il faut en finir avec cette idée de zone touristique délimitée où les touristes s’entassent. C’est tout le pays qui doit être zone touristique » explique le DG de l’Office National du Tourisme Tunisien. Reste à voir ce que les institutions mettent en place.
Parce qu’à y regarder de plus près, il semble que les individus aient déjà mis le changement sur les rails. Et ce depuis un moment. « J’ai fait ma demande pour monter ma maison d’hôte en 2002, mais ce n’est qu’en 2009 que j’ai obtenu les autorisations » explique Saleh Khalfallah, le propriétaire de Murmure de civilisations, une maison d’hôte à Douz.
Ce qu’il propose, comme de nombreux autres Tunisiens qui ont à cœur de mettre les richesses de la Tunisie en avant, c’est un tourisme alternatif, une autre manière de voir, une approche qui replace l’humain à sa juste valeur, des deux côtés.
D’abord parce qu’on en finit avec le tourisme de masse qui déverse chaque année des centaines de milliers de touristes, identifiés par les bracelets de couleur qu’ils portent aux poignets (zombis étranges qui font la queue pendant toutes leur vacances, soit pour avoir un cocktail gratuit, soit pour participer à des animations plus avilissantes les unes que les autres). Ensuite parce que l’hôte tunisien n’est plus assimilé à un animateur énervant, à la coiffure improbable, se faisant appeler Mike parce que Zoubeir est imprononçable pour les touristes ou à un vendeur de souvenir en plastique, qui hurle hystériquement à vos oreilles dans toutes les langues possibles pour que vous achetiez un porte-clef en forme de chameau : « Bitte schön, please, signore ! Look-look ! Good price ! »
Le tourisme alternatif c’est plutôt : « des maisons d’hôte et des maisons de charme dans tout le pays, des lieux qui respectent la population locale et l’environnement » explique Boubacker Besrour, volontaire au sein de l’ APTAT.
Il suffit d’imaginer des lieux de villégiature différents. Pas 50 chambres par étage, non. Juste deux ou trois chambres dans une maison traditionnelle. Et finit les menus steack-frites. Les plats servis sont fait maison et l’invité mange ce que l’hôte prépare.
Saleh Khalfallah a ouvert sa maison d’hôte en 2009. Pas de télé, non. Un jardin, une bibliothèque, des stages de cuisine tunisienne, dispensés par sa mère et de la calligraphie. « C’est un échange culturel ! Les gens qui viennent ici sont contents d’être dans un quartier populaire avec toute la famille, pas loin du souk, de la mosquée, des odeurs qui leur font ressentir la spécificité de Douz. »
Boubacker Besrour, de l’APTA, est étudiant en tourisme. Il est ravi de pouvoir mettre en pratique ce qu’il a appris en cours : « Il ne s’agit pas ici de travailler comme dans le tourisme de masse. Dans une maison d’hôte ce ne sont pas des clients, mais des invités. Il s’agit de mettre en valeur les traditions et le mode de vie des Tunisiens. On reçoit les invités presque comme des cousins. Ils mangent des produits naturels, préparés par la maîtresse de maison.» Et voilà comment un circuit d’approvisionnement local peut se mettre en place facilement.
Parce que le tourisme est une source de revenu qui doit profiter à la population, et s’insérer dans le tissu économique et social local, Saleh fait travailler le plus possibles les artisans autour de lui : « Quand nous faisons des stages sur les tissus artisanaux, je fais appelle à deux femmes qui vivent dans des conditions très modestes, pour qu’elles puissent améliorer leur niveau de vie. C’est presque du commerce équitable ! » D’ailleurs Saleh a un projet. Il souhaiterait mettre en place un système pour que 10% du prix de la chambre soit reversé à des associations de sauvegarde du patrimoine et de l’environnement.
Avec le tourisme alternatif il ne s’agit plus d’avoir des hordes de touristes qui bronzent alternativement autour de la piscine, puis au bord de la mer, avant de revenir à la piscine. L’offre d’activité est culturelle, culinaire, archéologique ou sportive. Ainsi l’APTAT travaille de concert avec l’association des randonneurs par exemple : « Cette association œuvre à la sensibilisation du public quant à l’écologie et au respect de la nature. » L’idée est aussi de faire vivre tous les lieux historiques de la Tunisie, de créer des circuits de découvertes, de proposer une vraie immersion dans la culture locale.
Saleh, lui, a appelé sa maison “Mumure de civilisations” : « parce que je voulais montrer tout ce qu’il y a de vrai dans mon pays, tout le patrimoine et toutes les civilisations qui sont passées par ici. » Alors il a nommé les chambres en fonction des civilisations et y a crée une ambiance particulière : Shéhérazade pour la période arabo-musulmane, Tanit pour la culture Amazighe, mais aussi une chambre en l’honneur de la palmeraie…
Boubacker est ravi de voir le tourisme alternatif prendre forme en Tunisie. Mais il prévient : « Il faut faire des efforts, il faut mettre des formations en place. On ne peut pas s’occuper des gens de la même façon en tourisme alternatif que comme on le faisait avec le tourisme de masse. La formation doit être assurée dans les écoles hôtelières, car il faut du personnel compétent pour développer ce type de tourisme. Surtout que la Tunisie a un potentiel énorme à développer. » Il suffit d’y croire et de se mettre au travail.
Voila une très bonne analyse et surtout une source riche de solutions pour dynamiser le tourisme de la Tunisie.
Il est bien vrai que l’idée d’un tourisme de la décroissance enté sur les maisons d’hôtes est pertinente. Si c’est une opportunité de diversification et d’épanouissement pour les acteurs tunisiens, c’est aussi forcément un type de séjour qui plaira aux étrangers qui viennent dans notre pays et qui effectivement en ont sans doute assez d’être des numéros dans la liste qui prend le bus.
En plus du tourisme esthétique qui est un tourisme résilient et porteur, nous nous acheminons que nous le voulions ou non vers un tourisme responsable qui respecte l’environnement et qui privilégie la singularité de la rencontre avec le patrimoine et les populations locales. On ira plus dans les régions à la recherche d’une découverte thématique. Cela n’empêchant d’ailleurs pas que les personnes qui ont besoin de séjours classiques ( sea, sun et farniente) continuent de trouver une offre adaptée.
[…] demands of the revolution, including the need to procure the judiciary’s accountability. “Tunisie : Et si on pensait plus au tourisme alternative?” – Exploration of the potential for ‘alternative tourism' that is both environmentally conscience […]
La chaine manquante est le prix du billet d’avion. Une semaine all inclusive à 356eur billet inclut. Alors qu’un billet d’avion coute 400 eur.
Le maison d’hôte ne marchera que si on des billet low cost à 80eur. Même pour un tunisien ça lui revient moins cher d’aller à un hôtel que chez sa famille. Un billet pour la Tunisie en été coûte 556eur plus cher qu’un voyage pour Cuba. cherchez l’erreur